lundi 1 décembre 2008

C'ETAIT IL Y A UN TOUT PETIT PEU PLUS D'UN AN ...

Souvenez vous.

C'ETAIT IL Y A UN TOUT PETIT PEU PLUS D'UN AN ...

RIVAROL

Enquête sur l’avenir du mouvement national

Entretien avec Carl LANG

RIVAROL : Carl Lang, secrétaire général du Front national de 1988 à 1995 puis de 1999 à 2005, vous êtes député européen et vice-président du FN. Le 17 septembre, après que Marine Le Pen se fut déclarée candidate à la succession de son père le jour venu, vous avez également brigué cette succession. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Carl LANG : Ayant lu et entendu que le congrès des 17 et 18 novembre serait un congrès de transition et ayant par ailleurs pris connaissance de l’acte de candidature, cette fois très clair, de Marine Le Pen, j’ai souhaité prendre date et indiquer que l’avenir restait ouvert. Les militants doivent avoir le droit de pouvoir choisir entre plusieurs candidats ayant des projets et des profils dissemblables, une conception différente de l’organisation du camp national. C’est tout le sens de ma déclaration. Je souhaite par ailleurs que très rapidement, s’il le désire et s’il le peut, Bruno Gollnisch soit lui-même en situation de postuler à cette fonction de président du FN et, pourquoi pas, d’autres candidats qui pourraient eux aussi prétendre légitimement à cette responsabilité.

R. : Votre candidature serait donc conditionnelle ...

C. L. : Oui et, à ce stade, prématurée, comme celle de Marine puisque Jean-Marie Le Pen a souhaité à nouveau être candidat à la présidence du FN au congrès de Bordeaux. Et j’ai quant à moi très clairement indiqué que, dans ce cadre-là, je soutiendrai sa candidature pour un nouveau mandat de trois ans. Ma démarche est de prendre date pour l’avenir et de rassurer certains militants, cadres et élus du Front national qui craignaient de ne pas avoir, le jour venu, la possibilité d’un choix.

R. : Mais que faites-vous de l’obligation statutaire pour tout candidat à la présidence du FN de recueillir le parrainage d’au moins vingt secrétaires départementaux ?

C. L. : C’est une disposition des statuts qui pourrait utilement être modifiée dans le cadre de notre congrès de Bordeaux car il est nécessaire que, quand Jean-Marie Le Pen se retirera, il y ait pluralité de candidatures à la présidence du FN et donc extension du nombre de parrains.

R. : Votre déclaration de candidature n’est-elle pas en contradiction avec votre décision de ne pas à nouveau vous présenter au comité central lors du XIIIe congrès ? N’est-ce pas une volonté de ne plus faire partie, provisoirement au moins, des instances dirigeantes du FN ?

C. L. : Compte tenu des difficultés présentes et, j’espère, passagères du Front national, il m’a paru inutile et dérisoire d’ajouter une compétition interne pour l’élection au comité central mais je reste totalement engagé au service de mes idées dans le cadre de ce mouvement. Je demeure président du groupe FN au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et parlementaire européen. A ce double titre, je continuerai à faire partie du conseil national du FN et je souhaite participer pleinement à son fonctionnement. Quant au bureau politique, c’est le président élu ou réélu qui décide de sa composition en soumettant son choix au comité central. La présence au bureau politique et au bureau exécutif ne dépend donc pas statutairement de l’élection au comité central. Par ailleurs, je souhaite que Jean-Marie Le Pen qui doit garder une totale liberté d’action et de décision saisisse l’occasion du congrès pour indiquer très clairement que le Front national reste une force politique capable de rassembler toutes les sensibilités du courant national.

R. : Jean-Marie Le Pen a indiqué sur France Info le 20 septembre qu’entre vous et Marine, sa préférence allait plutôt à la seconde pour sa succession. Comment réagissez-vous ?

C.L. : Il me paraît assez naturel qu’un père préfère sa fille. Ce n’est pas une surprise pour moi.

R. : Quelles sont à votre avis les raisons des revers électoraux du printemps dernier et sur quels fondements doit désormais reposer le projet de l’opposition nationale ?

C. L. : Je ne souhaite pas refaire les batailles passées. Ce qui compte maintenant, c’est d’offrir à la famille nationale des perspectives politiques d’avenir. Ce qui suppose d’abord d’avoir une vision, de proposer un projet politique. Il faut ensuite disposer des instruments d’appareil qui seront en mesure de porter cette ambition. S’agissant du projet, en tant que force nationale française et européenne, nous devons rappeler que nous avons une mission politique et historique essentielle qui consiste à défendre le droit des peuples d’Europe à rester eux-mêmes et à disposer d’eux-mêmes. C’est autour de ces deux notions d’identité nationale et européenne et de souveraineté nationale dans le cadre d’une Europe des nations et des patries que nous devons agir. Je souhaite également que nous soyons en mesure de réaliser ce que j’appelle la synthèse identitaire. Plutôt que d’opposer l’Europe des régions à l’Europe des nations ou les régions aux Etats, cette synthèse doit démontrer notre capacité d’additionner nos héritages culturels et historiques, nos identités, qu’elles soient provinciales, nationales ou européennes. Ces identités doivent s’ajouter les unes aux autres et non s’exclure. Nous devons être fiers d’être Corse, Français et Européen comme nous devons être fiers d’être Alsaciens ou Bretons et Français et Européen. Le siècle qui s’ouvre nous met, nous nations et peuples européens, dans un état de légitime défense culturelle et historique qui doit nous conduire à revendiquer non seulement le droit mais plus encore le devoir de préserver nos identités et nos valeurs de civilisation, notre héritage humaniste et chrétien. Si nous voulons incarner le recours politique nécessaire à la sauvegarde des droits inaliénables de la nation française et du peuple français, nous devons réaffirmer nos différences avec le pouvoir et les politiques de Nicolas Sarkozy, et pour cela, proposer un projet alternatif qui, comme je l’ai dit, doit reposer sur les deux piliers de l’identité et de la souveraineté et répondre, dans le cadre de cet enjeu de civilisation, aux défis du XXIe siècle. Les défis démographique, écologique, énergétique, économique et social face à la mondialisation, culturel et le défi de la colonisation de l’Europe. En effet la défense de nos droits politiques, institutionnels, culturels et historiques exige des peuples européens qu’ils s’opposent énergiquement à la véritable colonisation de peuplement que nous subissons et face à laquelle le gouvernement Sarkozy-Fillon ne change rien. Avec Nicolas Sarkozy, nous avons la colonisation choisie en plus de la colonisation subie. Enfin, s’agissant de notre positionnement politico-stratégique, je préfère parler d’opposition nationale plutôt que de droite nationale car la vraie ligne de fracture aujourd’hui n’est pas entre une gauche cosmopolite et une droite mondialiste mais entre les internationalistes et les nationalistes.

R. : On sait que vous vous intéressez tout particulièrement à la question sociale. Alors que beaucoup, au sein du camp national, restent encore attachés à un certain libéralisme économique, quelles propositions le mouvement national peut-il faire, quelles solutions peut-il proposer face à une mondialisation destructrice des emplois et donc pourvoyeuse de pauvreté et de précarité ?

C.L. : Dans ce monde qui se rétrécit et dont le mouvement s’accélère, l’Etat national doit retrouver toute sa place car il sera seul garant de la défense de nos droits. Cet Etat à vocation sociale doit nécessairement être l’instrument de la défense de notre sécurité intérieure et extérieure, de la sécurité des biens et des personnes mais doit aussi et plus que jamais être l’instrument de la sécurité de l’emploi, de la sécurité économique et de la sécurité sociale. Il faut un Etat protecteur dans un monde livré à une mondialisation anarchique et sauvage. Parmi les instruments de la reconquête économique et sociale et de la reconquête de notre identité et de notre souveraineté, il y a cette nécessité de disposer d’un Etat fort et indépendant qui garantisse les droits du peuple français. Et c’est par cette politique au service du peuple que l’Etat doit retrouver sa légitimité et le sens même de son existence.

R. : Sur le plan géopolitique, quelle vision doit défendre selon vous le mouvement national ?

C. L. : Une France française dans une Europe européenne mais une Europe libre au service de nos propres intérêts géostratégiques et une Europe nécessairement très proche des ses grands voisins russe et ukrainien. Il sera par ailleurs absolument nécessaire de nous opposer de toutes nos forces à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Le jour où ce pays entrera dans l’UE, l’Union européenne deviendra l’Union euro-turque et à ce moment-là il faudra sortir de cette Union en revendiquant notre droit à la sécession.

R. : Vous aviez été en pointe pendant la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen dans le soutien au projet d’Union patriotique. Le Front national doit-il être un bloc monolithique autour d’un chef ou permettre en son sein le regroupement de toutes les tendances et sensibilités des droites nationales et radicales ?

C. L. : Je pense profondément que le Front doit recouvrer et réaffirmer sa mission de rassemblement des nationaux. Toutes les sensibilités du courant national doivent pouvoir y trouver leur place autour d’une plate-forme politique commune et d’un nécessaire compromis national, et ce quels que soient les origines, les parcours ou les profils des uns ou des autres. En politique, il faut savoir accepter des compromis minimaux pour tendre à une efficacité maximale. Si nous ne sommes pas en mesure de créer une dynamique de rassemblement national autour de nos valeurs essentielles et de nos principes fondamentaux, nous ne serons pas en situation d’offrir au pays la possibilité du recours face au pouvoir Sarkozy. Ce n’est pas simplement un choix de fonctionnement, le rassemblement de toutes les sensibilités est une obligation politique si nous voulons qu’un jour nos idées soient portées de manière majoritaire par le peuple français. N’oublions pas que ce qui a fait la force du FN dans les années 80 et 90, c’est sa capacité de rassemblement.

R. : Lorsque Jean-Marie Le Pen se retirera, le Front national devra-t-il opter pour une direction collégiale et un type d’organisation différent, par exemple moins centralisé, ou pérenniser l’actuel mode de fonctionnement ?

C. L. : La personnalité extraordinaire de Jean-Marie Le Pen a fait qu’il a été en mesure de porter, pratiquement à lui tout seul, pendant de très nombreuses années, la volonté de redressement national de notre pays et de notre peuple. L’avenir nous imposera de trouver des modes de fonctionnement, d’organisation et de direction qui seront évidemment fort différents de ceux que nous avons connus jusque-là. Voyons les choses en face : il n’y a pas un nouveau Jean-Marie le Pen qui va sortir comme par magie de la cuisse de Jupiter. Prenons si vous le voulez une métaphore rugbystique puisque nous sommes en pleine coupe du monde : pour être efficace en mêlée, il faut être huit à pousser, quelles que soient par ailleurs les qualités individuelles des uns et des autres. Dans les années qui viennent, nous devrons impérativement trouver le moyen de mettre en place une force politique plurielle autour d’un responsable et bien sûr autour d’un candidat mais rien n’oblige à ce que le président du parti soit nécessairement le candidat à la présidentielle. Même si nous n’avons pas les mêmes institutions que la Belgique, nous pouvons à certains égards nous inspirer de l’exemple du Vlaams Belang où par exemple le président Franck Vanhecke n’a pas empêché l’émergence de Filip Dewinter. Mais de toute façon, avant de nous poser la question de savoir qui portera les couleurs du camp national à la présidentielle de 2012, il nous faut réussir les élections municipales en 2008, européennes en 2009 et surtout régionales en 2010. Car pour pouvoir être présent à la prochaine présidentielle, il faudra que nous disposions du plus grand nombre possible de conseillers régionaux qui parrainent une candidature nationale. Nous devrons donc mener la double bataille de manière parallèle et complémentaire : nécessité certes de la recherche d’une candidature de rassemblement national à la présidentielle mais d’abord nécessité d’une implantation locale qui passe par la reconstruction de notre tissu d’élus municipaux, généraux et régionaux.

Entretien donné par Carl Lang au journal Rivarol, à Bruxelles, le 13 Octobre 2007, à quelques semaines du Congrès FN de Bordeaux, et paru dans Rivarol de la semaine suivante)

(Propos recueillis par Jérôme BOURBON pour « Rivarol »)


Un an après, rien ne s'est arrangé, tout a empiré, mais Carl Lang a levé le vent d'un nouvel espoir.

TOUS AVEC CARL LANG !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo et longue vie à votre site. Je l'ai mis en bonne place dans mes favoris et j'y viens dorénavant tous les matins pour avoir des nouvelles sur Carl, grâce à vous et à vos liens. Mais que fait Carl en ce moment ? Il se lance puis plus rien. Il ne faut pas laisser retomber une mayonnaise qui a si bien pris.
Salutations patriotes.

Anonyme a dit…

Dommage que car lang ait attendu tant de temps! Il est désormais trop tard pour que les lepen puissent entendre raison.

Anonyme a dit…

Je ne comprends pas comment le mouvement national a pu en arriver la.

Jean Marie Le Pen devrait s'appliquer la maximes qui a fait son succès.

"il ne suffit pas de casser le thermomètre pour que la température chute" !

Les héros d'hier ne peuvent être devenus des salauds en une nuit.

Je suis bien écoeuré et triste.