Jeanne Dumont quitte le FN pour le « Parti de la France » et s'en explique sur E-Deo !
Encore un énième départ du FN et encore un énième ralliement au "Parti de la France", décidément et plus que jamais le nouveau fer de lance de la résistance Française...
Jeanne Dumont (ancienne candidate du FN dans le Loir-et-Cher) rejoint le Parti de la France et sera deuxième sur la liste que conduira Jean Verdon pour les élections européennes.
Elle s'explique dans une interview parue sur l'excellent site E-deo.
"Le FN aujourd’hui - Entretien exclusif !
Entretien avec Jeanne Dumont, candidate aux européennes 2009 pour le Parti de la France (dirigé par le dissident-FN Carl Lang), et ancienne candidate aux législatives 2007 pour le FN.
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Quelles sont les causes du déclin actuel du FN ?
Il y a des causes externes et des causes internes.
La principale cause externe remonte à la campagne des présidentielles de 2007, où Nicolas Sarkozy a pillé les thèmes du Front National pour récupérer l’électorat de celui-ci. Nous n’avons donc pas fait le score que nous pouvions espérer en l’occurrence. Cela a été suivi par une débâcle aux législatives, qui a été très dure pour le Front, car il y a eu un effet psychologique qui a démobilisé les militants et les électeurs. De plus, cela a été un coup très dur financièrement, car 2/3 des candidats n’ont pas fait 5% et n’ont donc pas eu leurs comptes de campagne remboursés. De plus le système de financement des partis politiques est basé sur les résultats aux législatives : chaque parti reçoit une somme - 1,63 euro par voix - en fonction du nombre de voix qu’il a recueilli. Ainsi, si l’on perd un million d’électeurs, on perd environ 1,6 million d’euros de recettes par an…
Les causes internes, elles, remontent à plusieurs années. Il y a des raisons de fond et des raisons de forme, qui sont d’ailleurs étroitement liées. Au niveau du fond, il y a un certain affadissement des idées du Front National, de ce que j’appellerais les fondamentaux, parmi lesquels la défense de la famille, en particulier le combat contre l’avortement – Quand Marine Le Pen est invitée au micro de Radio Courtoisie, elle ne tient pas le même discours que lorsqu’elle est parle sur les grandes chaînes de radio. Or le respect de la vie humaine est l’alpha et l’omega de toute bonne politique. La politique (comme le rappelle sans cesse Jean-Claude Martinez) est au service de la vie.
Outre l’avortement, il y a le fait qu’on ne peut plus parler de l’islamisation, ni de l’identité chrétienne… Le Front National était pourtant le parti qui se rapprochait le plus de la Doctrine Sociale de l’Église, et sur certains points ce n’est plus du tout le cas.
Pour beaucoup de gens, ces idées sont des détails accessoires. Mais les symboles ont cependant leur force, et certains choix ne sont pas anodins. Il y a eu le choix du discours de Valmy pour lancer la campagne des présidentielles : Valmy est un haut lieu symbolique révolutionnaire. C’est une volte-face par rapport au discours qu’avait fait Jean-Marie Le Pen au Mont-Saint-Michel. Il y a eu le discours de la dalle d’Argenteuil : « Vous êtes les branches de l’arbre France, vous êtes des français à part entière… Pour moi, vous êtes ni des potes, ni des blacks, ni des beurs, vous êtes des citoyens français » avec une volonté de récupération de la population immigrée musulmane. Beaucoup d’électeurs l’ont ressenti comme une trahison.
Il y a eu – certains peuvent également dire que c’est accessoire – la fameuse affiche de la « beurette » : on ne lui reproche pas d’être « beurette », évidemment, mais c’était surtout sa tenue, avec le nombril à l’air, qui donnait une certaine image de la jeunesse qui n’est pas celle que défend traditionnellement le Front National ! Par ailleurs, on a intégré Alain Soral, qui est quand même marxiste – il prétend ne plus l’être, mais il est fondamentalement imprégné de marxisme, ce qui a déteint sur le discours qu’on a pu tenir. Bien sûr Soral est parti, mais les dégâts causés sont toujours présents. Et puis il y a eu cette volonté de « dédiaboliser » le FN, qui s’est avéré être un renoncement à ce qui faisait les fondamentaux du Front National. En fait, on a fait le lit de Sarkozy qui n’a eu aucun mal à récupérer une bonne partie de notre électorat. Comme le répète Martial Bild : « Quand les temps sont durs, il n’y a pas de place pour les idées molles ».
A tout cela il faut ajouter les problèmes d’organisation interne. Pour nous, le problème crucial est la volonté de Jean-Marie Le Pen d’imposer sa fille comme successeur. Le lien entre les deux est que Marine Le Pen défend justement ces idées d’affadissement du Front National.
Petit à petit des cadres qui étaient là depuis très longtemps – je pense à Carl Lang, à Martial Bild, à Martine Lehideux… , des gens qui étaient là depuis trente ans, qui s’étaient battus toujours pour les mêmes idées, ont été mis petit à petit « sur la touche ». Carl Lang, qui était le candidat « légitime » aux européennes pour la grande région Nord, puisqu’il était déjà député de cette région, n’a pas eu l’investiture du Front (il l’a d’ailleurs appris « par la bande », et non officiellement de la bouche de Jean-Marie Le Pen…) Celui-ci a mis sa fille dans cette circonscription qui était plus facile électoralement que l’ile de France. C’était tout-à-fait conforme à la politique de vagabondage électoral pratiquée depuis longtemps au détriment d’une politique d’implantation locale qui permette vraiment de défendre les intérêts des électeurs.
Progressivement beaucoup de cadres sont donc partis les uns après les autres. Ce qui est regrettable c’est la violence des propos qui ont été tenus contre eux et la bassesse des accusations dont ils ont fait l’objet. Marine Le Pen serait beaucoup plus crédible lorsqu’elle traite les autres de « gamellards » si elle annonçait renoncer elle-même une fois réelue à son indemnité de parlementaire. Jusqu’à présent, je ne l’ai pas entendue tenir ce genre de discours.
Quand Carl Lang a décidé de faire une liste face à Marine Le Pen, pour beaucoup cela a cependant été un signe d’espérance, parce que nous nous sommes dit : « Enfin quelqu’un qui relève la tête, et qui ose tenir tête. »
Dans la foulée, comme beaucoup de conseillers régionaux ont démissionné dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Manche, le Centre…, Carl Lang a décidé de lancer un nouveau parti pour regrouper tous ces gens qui partaient. Je cite ici Martial Bild : « …sa démarche, aussi difficile soit-elle est une grande bouffée d’oxygène pour toute la famille nationale brisée par les erreurs des uns et les errements des autres. »
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Sur quels points son message diffère-t-il du FN ?
Son message est celui qu’a eu le FN pendant 30 ans ! Il reprend ce qui a toujours été dit : la défense de la nation, la défense de l’identité chrétienne, la défense d’une Europe des nations, la défense de la famille… Je me reconnais à 100% dans le programme. On nous dit que le programme du FN n’a pas changé, ce qui est vrai officiellement. Mais un programme s’incarne dans des personnes. Si l’on commence par nommer des personnes qui ne défendent pas ce programme, petit à petit le programme va changer : il va y avoir d’autres priorités, et peu à peu un glissement. Ce sont les personnes qui sont importantes.
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Pensez-vous que le parti de Carl Lang est appelé à durer ?
Je n’ai pas de boule de cristal… Mais je le souhaite, je l’espère. Je constate chez beaucoup de gens un grand malaise au Front actuellement. Beaucoup de gens espéraient Gollnisch, c’est vrai, mais Gollnisch ne bougera pas. Sa tâche au sein du Front est loin d’être facile mais il « encaisse » tout avec beaucoup de courage parce qu’il croit encore que le Front peut jouer un rôle auprès de nos compatriotes. C’est un homme admirable qui joint à une très grande intelligence des qualités de cœur rares.
On attendait Gollnisch, et c’est Lang qui s’est révélé. Il a été accusé ces derniers mois de beaucoup de choses : manque d’envergure, gamellard… J’ai eu le plaisir de l’entendre à de nombreuses reprises. Je trouve que son discours est d’une haute volée, et sa vision des problèmes se situe au niveau des combats de la civilisation : ce n’est pas de la politique à la petite semaine, il a un vrai projet politique. C’est un homme courageux et désintéressé qui a fait preuve au Front de ses grandes capacités d’organisation.
Il y aussi pour moi une chose qui est une caution de son sérieux et de son « orthodoxie » : il a choisi Bernard Antony comme responsable de la formation. Celui-ci avait quitté le Front il y a plusieurs années déjà, justement parce qu’il n’était plus en accord avec les options qui étaient prises. Bernard Antony, vous le connaissez, c’est Chrétienté-Solidarité, etc. C’est quand même une garantie, surtout à un poste-clé comme la formation. On va ainsi retrouver un débat d’idées qu’il n’y avait plus au Front National. Nous faisions de la gestion de communication pour les élections, mais il n’y avait plus de débat d’idées. Après tout, la communication, Sarkozy aussi fait très bien ça ! Quand le seul but devient l’électoralisme et qu’on n’a plus de débat d’idées derrière pour savoir pourquoi on se bat, je ne vois plus l’intérêt de se battre ! Se battre pour être élu, mais être élu pour faire quoi ?
Sans compter qu’en l’occurrence, beaucoup de ces élus, une fois élus, ne siègent pas… Ainsi, Marine Le Pen a reçu le bonnet d’âne au Parlement européen : c’est elle qui est la moins présente. De deux choses l’une : soit on croit à l’intérêt de se faire élire et dans ce cas-là on fait le travail sérieusement - et c’est aussi une question d’honnêteté vis-à-vis des électeurs qui élisent a priori les gens pour les représenter… , ou l’on dit qu’on ne croit pas à la démocratie et l’on fait autre chose ; il faut être cohérent.
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Pour les européennes, les sondages disent que le FN aura 6-7% ; pensez-vous qu’il fera davantage ?
Je ne peux pas vous dire, car électoralement on a parfois de drôles de surprises… Je pense que les événements vont peut-être dans un sens qui peut nous arranger. Toutefois, si les choses vont très mal, je ne suis pas sûre que ce sera le Front National qui tirera son épingle du jeu. Il y a beaucoup de manipulations au niveau du gouvernement, des médias, etc. Et actuellement ils font en sorte que ce soit Besancenot qui tire son épingle du jeu ; je pense que Besancenot va faire un très bon score.
Le Front fera peut-être comme ils le disent 6-7%, ce qui est quand même une baisse par rapport à ce qu’il a fait jusqu’à présent. Je pense qu’il y aura énormément d’absentéisme, parce qu’il y en a toujours beaucoup dans cette élection, et l’absentéisme n’a jamais profité au Front.
Est-ce que les gens vont se reporter sur le Parti de la France ? Je l’espère bien sûr, on ne se lance pas dans la bataille si l’on a pas une mentalité de gagnant. Mais c’est un parti naissant que les gens ne connaissent pas. Ils se raccrocheront peut-être dans certaines régions s’il y a une tête de liste qui est vraiment connue… Chez nous, Jean Verdon a déjà été tête de liste lors de différentes élections alors que Patrick Bourson, tête de liste pour le FN et qui vient de Champagne est un parfait inconnu. Bien sûr les gens votent souvent pour « l’étiquette ». Mais je pense que l’essentiel est d’être présents pour représenter une alternative aux déçus du FN qui se seraient abstenus autrement. Faire une liste permet de se lancer car il faut bien commencer par quelque chose.
En ce qui me concerne, je n’aurais peut-être pas franchi le pas aussi vite si l’on ne m’avait proposé de figurer sur la liste du Parti de la France. Cela va nous permettre de nous tester un peu, de nous faire connaître. Nous sommes toutefois des gens réalistes, bien conscients du défi : il faut du temps pour créer un parti dans lequel les électeurs se reconnaissent. Heureusement, il y a parmi nous de nombreux élus et personna
lités déjà bien enracinés dans la vie politique locale ce qui est un atout non négligeable.
Je tiens à conclure que je ne renie rien des 21 années que j’ai passées au Front National. Je reconnais toujours à Jean-Marie Le Pen les immenses qualités qui ont fait de lui un des plus grands hommes politiques de son époque. J’ai eu d’autre part la grande chance de travailler au sein de ma fédération avec des gens de valeur, dans une ambiance de grande camaraderie et je leur conserve toute mon estime et mon amitié. La vie est longue et nos chemins politiques seront peut-être amenés à se croiser à nouveau.
Le Parti de la France se veut un parti de rassemblement, nous ne souhaitons pas entretenir un esprit de rancune stérile mais, partant d’un constat, aller de l’avant et continuer à nous battre pour la défense de la France dans la fidélité à nos idées.
http://e-deo.info/jeanne dumont quitte le fn pour le PDF
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